El  Moudjahid : La coopération entre l’Algérie et le Canada dans le domaine de l’agriculture occupe une place importante, peut-on parler de belles perspectives et de progrès à réaliser dans les années à venir, dans ce domaine, en particulier ?
Mustapha Ouyed : La coopération dans le domaine agricole entre le Canada et l’Algérie présente des perspectives exceptionnelles. Le savoir-faire canadien dans le domaine, ainsi que la qualité et l’étendue des terres agricoles en Algérie sont reconnus mondialement. En mettant ensemble ces deux atouts importants, les entreprises agricoles des deux pays peuvent produire ensemble en Algérie des produits agricoles de qualité supérieure, pour répondre aux besoins locaux et exporter ensemble à travers le monde. À titre d’exemple, le Canada est actuellement le plus important exportateur de blé dur au monde et l’Algérie, qui est actuellement l’une des plus importantes destinations de ces exports, souhaite augmenter sa production locale pour réduire ses importations et renforcer la diversification de son économie. Il y a là pour moi une opportunité évidente de coopération mutuellement bénéfique, en produisant ensemble en Algérie du blé dur de très grande qualité et en l’exportant ensemble à travers le monde. Cette approche peut également s’appliquer pour de nombreux autres produits agricoles.

Les hommes d’affaires canadiens lorgnent-ils l’Algérie pour réaliser des investissements dans ce domaine ?
Justement, il s’agit de l’un des aspects les plus importants de la mission du Conseil de Développement Canada Algérie (CDCA). Nous travaillons à améliorer l’information et la communication dans les deux sens afin de faire prendre conscience des formidables opportunités de partenariats. Lors de notre mission économique du mois de février dernier, placée sous le signe de « Partenariat et Exportation », nous avons pu compter sur la participation d’une société d’Etat de crédit EDC (Exportation et Développement Canada), dont la mission est d’apporter des solutions de financement aux exportateurs et investisseurs canadiens et à leurs acheteurs étrangers. Cette mission a été organisée avec beaucoup de succès, grâce notamment au soutien continu et efficace du ministère algérien des Affaires étrangères ainsi que des instances diplomatiques des deux pays. La participation d’EDC et des autorités gouvernementales des deux pays à la mission économique du CDCA en Algérie a envoyé un signal fort aux entreprises canadiennes sur les opportunités d’investissement en Algérie. Ils voient de plus en plus l’Algérie comme la plateforme de choix pour s’y implanter et prospérer, puis de déployer leurs produits et solutions vers l’Afrique, l’Europe et le Moyen-Orient.

Vous avez annoncé l’organisation prochainement d’une semaine de dégustation des produits agricoles et agro-alimentaires algériens au Canada. Est-ce qu’on peut avoir plus d’information sur cette manifestation ?
C’est une initiative qui est en cours de préparation en réponse à quelques-uns de nos membres en Algérie qui souhaitent explorer le marché canadien et nord-américain pour les produits agricoles et agroalimentaires algériens.
Nous avons jusqu’ici des entreprises algériennes intéressées à faire goûter des fromages, des dattes, des olives, des figues, de l’huile d’olives, des pâtes alimentaires et des produits carnés.
Nous avons mis en place en juin dernier un comité de travail « Agro-industrie » à qui nous avons confié la préparation de cette activité.
Le comité est en train de travailler notamment à identifier les aspects réglementaires et de certification, qui permettront de garantir la libre entrée des produits algériens pour cet évènement qui aurait lieu à Montréal, ainsi que sur l’organisation de rencontres entre les exportateurs algériens participants et les acheteurs et distributeurs canadiens potentiels. Le programme sera dévoilé dans quelques semaines et il inclura des sessions de dégustation pour le grand public. La présence au Canada de la deuxième plus importante diaspora algérienne à travers le monde est certainement un atout majeur pour le succès de l’exportation des produits algériens au Canada.

Vous avez également annoncé l’organisation d’une formation de formateurs pour l’accompagnement des exportateurs algériens. Comment va se dérouler cette formation ?
Il s’agit d’un programme de formation et d’accompagnement des entreprises algériennes, pour la réussite de leurs exportations au Canada et à travers le monde. C’est une initiative qui est issue de la mission économique du CDCA en Algérie en février dernier.
Nous avions alors pu compter sur la présence dans notre délégation du directeur général de TFO Canada, un organisme sans but lucratif, dont la mission est d’améliorer les conditions de vie en tissant des partenariats commerciaux durables entre les exportateurs de pays en développement et les acheteurs canadiens et étrangers.
Lors des rencontres que nous avions eu notamment avec les représentants du ministère algérien du Commerce, l’idée était née de capitaliser sur l’expertise de TFO Canada et le support du CDCA, pour offrir aux entreprises algériennes le soutien nécessaire pour adopter des pratiques professionnelles de calibre mondial dans leurs activités d’exportation. Le programme proposé se compose de deux volets. Un premier volet consiste à former des formateurs algériens. Il vise à établir une plateforme de formation pour les exportateurs.
Ces formateurs vont développer leurs compétences techniques dans le domaine du commerce international et seront équipés pour fournir des services de formation et de soutien commerciaux aux exportateurs existants et potentiels de différents secteurs, de manière à aider ces entreprises à développer leurs exportations, et à contribuer d’une façon durable au développement économique en Algérie.
Le deuxième volet portera sur la sélection puis la préparation et le renforcement des compétences d’entreprises algériennes et de leurs produits, afin de tenir compte de tous les outils et connaissances nécessaires qui pourraient contribuer à introduire d’une façon efficiente et efficace leurs produits sur le marché canadien, de façon à bien se positionner par rapport à la concurrence et à saisir les nouvelles occasions d’exportation que cela pourrait générer.
Le programme s’est fixé un objectif de vente de 100.000 $ lors de la première mission commerciale au Canada pour les entreprises sélectionnées.
Le programme prévoit par la suite des ventes de plusieurs millions de dollars lors du déploiement des apprentissages et des bonnes pratiques à plus grande échelle. Nous travaillons en étroite collaboration avec le ministère du Commerce sur ce dossier et nous espérons pouvoir en faire bénéficier les entreprises algériennes très bientôt.